Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le parlement, produit de constitutionnalisme occidental inscrit dans la tradition marocaine du pouvoir, se trouve à la croisée de deux situations. Faisant l'objet d'un double enjeu, le parlement est réclamé par les partis politiques dont le problème est de se faire reconnaître une base démocratique et populaire à leur action, leur but est de participer au pouvoir. Réclamé ainsi par les partis politiques, le parlement sera instauré par la monarchie pour garantir un aspect démocratique au régime. S'agissant donc de l'instauration de parlement, il existe un accord général chez la classe politique marocaine. Cependant, l'accord s'arrête à ce niveau du fait que le parlement demeure l'enjeu de stratégies différentes. L'ensemble des partis politiques veut élargir les pouvoirs du parlement, le pouvoir royal veut les restreindre pour les accroître progressivement. Il s'agit donc d'une institution allogène emportée pour les besoins d'une société en mutation. Son institutionnalisation et son expérimentation restent tributaire du nécessaire compromis dans le temps entre un parlement à pouvoir élargi, donc exigeant, et un parlement à pouvoirs restreints, donc obéissant aux exigences de la tradition. Cette intervention vise à répondre à deux questions principales : comment et à quel prix le parlement (institution reçue) va-t-il obéir aux exigences de la tradition (culture de réception)? l'objectif étant de souligner l'adaptation et la subordination statutaire du parlement aux exigences de la tradition. La deuxième question concerne la croissance du rôle du parlement, et comment la tradition va-t-elle surmonter les exigences du parlementarisme.