Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Cette étude d'histoire sociale sur la formation des élites musulmanes par l'enseignement supérieur au Maroc et en Tunisie au cours du XX° siècle, ne vise ni la réécriture de l‘histoire de la colonisation des protectorats français d'Afrique du Nord, ni l'écriture de celle des indépendances nationales depuis 1956. Elle n'est pas un travail d'histoire politique, et n'est qu'une approche de l'histoire culturelle du Maroc et de la Tunisie, en particulier par le biais des systèmes d'enseignement. Son objet est l'histoire des générations d'intellectuels musulmans, et plus précisément des quatre grandes générations d'étudiants formés au cours du siècle par l'enseignement supérieur moderne au temps des protectorats et après 1956. Celle recherche s'étend sur l'ensemble du XXème siècle et concerne les deux anciens protectorats français d'Afrique du Nord, le Maroc et la Tunisie. Bien que les élites culturelles maghrébines de la colonisation aient fait l'objet de nombreux travaux, il est apparu que ces écrits ont été produits le plus souvent par l'histoire coloniale, ou bien à l'opposé, par l'école nationaliste dans sa version anti-coloniale. Par ailleurs, l'ouverture récente des archives françaises des protectorats pour la période 1945-1956 a été l'occasion de reprendre ce travail pour la période coloniale, avant de prolonger cette étude des élites maghrébines jusqu'à nos jours. Les archives des protectorats ont servi de matrice à ce travail d'histoire sociale qui s'est prolongé grâce aux sources de l'histoire orale avant d'emprunter aux méthodes de la sociologie. Ce travail comporte quatre grandes parties : La première partie concernera le premier XXème siècle, jusqu'à la coupure historique de novembre 1942, date de la reprise en main du Maghreb par les Etats-Unis puis par la France libre. Elle couvrira donc l’étude de la génération des pionniers. Elle étudiera d'abord le bilan des politiques coloniales d'enseignement dans l'entre-deux-guerres. Puis il s'agira de dresser un tableau des luttes et rivalités auxquelles se livrent les étudiants "indigènes" des collèges et lycées. En plus, l'étude essaie d'évoquer cette génération des pionniers à travers ses origines sociales, ses motivations et ses choix de carrières. La deuxième partie traitera de la génération des indépendances, qui s'échelonne de 1942 à 1956-1962. C'est en effet durant cette période que sont mises en place des réformes de grande ampleur par les autorités coloniales réformes qui, dans le domaine de l'enseignement, vont par la suite grandement élargir le petit cercle des étudiants maghrébins. La troisième partie portera sur la génération de la contestation, qui court du début des années soixante au milieu des années soixante-dix. Elle étudiera d'abord la mise en place des systèmes d'enseignement nationaux dans la première décennie de l'indépendance, puis le temps de crises qui succède au tournant de 1968 dans le domaine des politiques d'enseignement. La quatrième partie de ce livre couvrira la période qui s'étend du milieu des années soixante-dix à 1999. La génération de la crise face à la saturation de l'Etat national au coeur des préoccupations. Le premier chapitre sera consacré à la mutation et à la partition des systèmes d'enseignement, dans un contexte de gonflement sans précédant des effectifs scolarisés. Le second chapitre tentera de peindre la sociologie du public étudiant des filières d'excellence au cours de la période récente. Il s'agira d'étudier l'étendue de la sélectivité de ces voies de formation. Le dernier chapitre exposera la fermeture sociale qui semble s‘être réinstallée au processus de consolidation de la nouvelle élite.