Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Il n’y a pas longtemps encore, l‘Espagne qui fait partie de l’Europe méridionale, connaissait une émigration intense aussi bien vers les pays de l'Amérique Centrale et du Sud que vers les Etats européens du Nord. Cette situation était liée, en partie, au sous-développement dont souffrait l'Espagne par rapport à ses voisins du Nord qui, engagés dans le processus de reconstruction de leurs économies après la seconde guère mondiale et en situation de pénurie de main-d'œuvre, ont fortement encouragé la venue d'une main-d'œuvre étrangère. Les marocains ont répondu massivement à cet appel dès les années 1960. L'espace migratoire qui en a découlé présente une extension spatiale considérable, bien que la France demeure le pays qui abrite l'effectif le plus élevé de la communauté marocaine installée à l'étranger. Contrairement aux Pays-Bas, la Belgique et l'Allemagne qui ont fait appel à une proportion non négligeable de marocains durant les années 60 et 70, l'Espagne n'exerçait, jusqu'à la moitié des années 1970, aucune attraction sur la population marocaine en général et rifaine en particulier. Celle-ci, d'ailleurs ne manifestait pas un grand intérêt pour s'y installer. L'Espagne, n'a pratiquement émergé comme zone migratoire très active à l'ouest de la Méditerranée qu'à la suite de l'évolution intervenue dans les pays industrialisés du Nord et les mesures prises par ces derniers en vue de suspendre l'immigration. Il en résulte que la pression migratoire qui s'exerçait autrefois sur les pays situés au Nord de la péninsule Ibérique se reporte sur l’Espagne, d'autant plus que l'économie souterraine y est en pleine expansion et favorise l'embauche des étrangers. Le développement récent et brutal de l'immigration des marocains et plus particulièrement des rifains en Espagne ne peut être compris sans le situer dans ce contexte. En effet, la présence des marocains dans la péninsule Ibérique, bien qu'elle soit relativement ancienne, elle n'a commencé à prendre de l'importance qu'à partir du milieu des années 80. Les départs étaient massifs et spontanés, notamment en 1990 et au début de 1991, année marquant l'instauration du système des visas (15 mai 1991). Cette grande vague d'émigration a coïncidé avec les nouvelles mesures prises par les autorités marocaines facilitant les procédures d'obtention du passeport, chose qui était plutôt difficile auparavant. Ainsi, s'explique la progression numériquement spectaculaire de la population marocaine en Espagne. Actuellement, souligne une étude récente, les marocains forment le groupe le plus étoffé et le plus dynamique, aussi bien parmi les résidents Africains (77% du total) que par rapport à l'ensemble des étrangers présents en Espagne. Cette présence notable des marocains se renforcera davantage dans les années à venir en raison des flux ininterrompus des clandestins et du regroupement familial en cours. Le durcissement des mesures de contrôle des frontières de part et d'autre de la Méditerranée ne peut en effet qu'atténuer la vague des clandestins, sans pour autant arrêter les flux entre les deux rives. Les provinces du Nord étaient et demeureront les principales zones d'alimentation des courants migratoires vers l'Espagne, sans négliger toutefois la contribution des grandes villes marocaines. Cette communication vise trois objectifs principaux : Etudier l'importance de la communauté marocaine, originaire des provinces du Nord installée en Espagne, évaluer l’impact économique des transferts des immigrés dans leurs régions d’origine, enfin montrer que la migration vers l'Espagne peut constituer un domaine privilégié d'application de la coopération au développement.