Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le thème de l'émigration des femmes marocaines à l'extérieur du pays n'a pas, jusqu'à présent, attiré l'attention des chercheurs aussi bien marocains qu'étrangers intéressés plutôt aux questions des migrations internationales. Pourtant le volume des femmes dans les mouvements migratoires temporaires qui, malgré l'indiscutable supériorité numérique masculine, n'a cessé de progresser depuis la moitié des années, et prendra des dimensions particulières vers la fin des années 1990. Cette progression s'est produite, pratiquement et paradoxalement, après la décision prise par les pays traditionnels d'emploi de réduire l'arrivée de nouveaux migrants sur leur territoire, sans, il convient de le noter, interdire aux immigrés déjà installés légalement de procéder au regroupement familial, élément essentiel pour la stabilité de la vie conjugale et familiale en général. Une telle mesure, comme on le sait, s'est accompagnée d'un déplacement massif de femmes et de leurs enfants pour se fixer à l'étranger. Au-delà de cette catégorie d'émigrantes, nous avons assisté à partir de la moitié des années 1980, à l’émergence d'une nouvelle donne dans le flux migratoire marocain : il s'agit du départ de femmes seules au-delà des frontières nationales. Ce phénomène peu connu auparavant, a pris un essor de plus en plus important à partir de la moitié des années 80 notamment vers l’Espagne, l'Italie et dans une moindre mesure vers les autres pays européens. Ce courant migratoire concerne, en plus des étudiantes, des jeunes célibataires, des veuves divorcées et même des femmes mariées qui laissent leur mari au Maroc, pour contribuer, à partir de l'Espagne ou de l'Italie, à l'économie familiale. Tout en rappelant brièvement les conditions d'émergence de cette catégorie d'immigrantes, cette communication espère ouvrir la voie à une discussion fructueuse sur la réalité sociale des immigrantes marocaines en Espagne.