Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le domaine de l'économie se caractérise aujourd'hui par un certain pluralisme, ce dernier est une question centrale qu'il faudrait prendre au sérieux dans la préparation des programmes d'études. D'abord, s'engager dans des débats et des controverses réduirait nécessairement la place des modèles formels car il faudrait traiter des idées développées par les différents économistes, et non seulement des modèles mathématiques qu'ils ont écrits (ou non) pour les exprimer. Deuxièmement, on ne peut guère remettre en question la pertinence des différentes théories sans examiner les faits. En outre, un programme pluraliste serait en fait plus, et non moins, théorique que le programme actuel. Le programme actuel n'est pas axé sur la théorie, mais sur la technique. Aujourd'hui, les étudiants passent des heures à calculer les taux marginaux de transformation, l'allocation inter-temporelle optimale des ressources et les prix d'équilibre, mais cela ne les amène pas à comprendre la théorie sous-jacente. Un programme d'études qui confronterait systématiquement chaque théorie aux autres obligerait les enseignants à être plus précis. Dans chaque cas, ils devraient préciser quelles hypothèses sont faites, sur quels mécanismes la théorie se concentre, à quelles prédictions ces mécanismes conduisent, etc. Par ailleurs, le pluralisme correspond à ce qu'est l'économie et, probablement, toute science, c'est-à-dire un ensemble de connaissances qui a des éléments communs entre ses membres, mais qui est aussi animé par des orientations divergentes. Aujourd'hui, par exemple, la majorité des économistes appartiennent au paradigme néo-classique qui met l'accent sur l'efficacité des marchés. Mais il y a d'autres économistes qui voient les choses très différemment. Par exemple, les keynésiens insistent sur le rôle de l'État pour garantir la disponibilité d'un nombre suffisant d'emplois ; les marxistes accordent la priorité au processus d'accumulation du capital, plutôt qu'au fonctionnement des marchés ; les économistes féministes insistent sur le rôle des soins et des dons dans le fonctionnement de l'économie ; les économistes écologiques soulignent la nécessité de diminuer la croissance afin de préserver la planète ; etc.