Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

L'évolution économique au Maroc joue un rôle crucial dans la détermination du niveau de vie des ménages ruraux et urbains. L'agriculture représente 12 à 20 % du produit intérieur brut annuel. Avec une superficie totale de 71,08 millions d'hectares, les terres cultivées représentent 9,2 millions d'hectares (13%). Alors que la superficie agricole est passée de 7 millions d'hectares en 1970 à 9,2 millions d'hectares en 2006, l'agriculture atteint les limites des ressources en terres et en eau disponibles. Les principaux obstacles au développement économique sont la disparition des terres, le rétrécissement de sols cultivés et la dégradation de la qualité des sols. Les agriculteurs pauvres en ressources ne peuvent pas se permettre d'inverser ces processus et d'investir dans la restauration de leurs sols ou l'application de mesures de contrôle de l'érosion. Ainsi, la dégradation des sols constitue une menace importante pour la production et la sécurité alimentaire au Maroc. Avec l'adoption d'un système sans labour du sol, les agriculteurs, indépendamment de leur mode d'exploitation et de leur superficie, peuvent rétablir l'harmonie entre les sols et les cultures, et échapper aux effets néfastes du climat. La culture sans labour du sol consiste à planter des graines dans une fente à moelle qui est ouverte par le semoir avec un minimum de perturbation des résidus de culture de surface. Aucun travail supplémentaire du sol n'est effectué pour la préparation du lit de semences. D'autres perturbations du sol et des résidus se limitent à l'épandage d'engrais et de pesticides et à la culture éventuelle pour la lutte contre les mauvaises herbes, si nécessaire.Selon les pédologues, la technologie sans labour du sol permet d'économiser l'humidité du sol, le carburant, la main-d'œuvre et les coûts de machinerie, tout en réduisant l'érosion éolienne et hydrique. De plus, le système sans labour du sol permet de séquestrer le CO2 de l'air, ce qui contribue à ralentir le réchauffement de la planète. Malgré la perception de bénéfices de cette technologie, les taux d'adoption dans le monde entier restent faibles, en particulier entre les petits agriculteurs des pays en développement. Bien que les bénéfices agronomiques des systèmes sans labour soient faciles à reconnaître, les bénéfices économiques ne le sont pas. La plupart des études s'entendent sur le fait que l'utilisation de systèmes conservatifs ou de systèmes sans labour réduit les coûts des intrants comme le carburant, la main-d'œuvre et les coûts de réparation et d'amortissement des machines. La première partie de cette étude essaie de comparer les performances économiques des agriculteurs pratiquant le système sans labour du sol et celles des agriculteurs utilisant des systèmes de labour intensif au Maroc. La deuxième partie portera sur l'adoption du système sans labour au Maroc. Les obstacles à l'adoption de cette technologie sont aussi explorés et des perspectives sont présentées.