Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Sur le plan conceptuel, et en termes d'analyse de l'économie en tant que système,le terme économie de montagne est très limitatif pour une approche locale de développement. En effet, dans son acception restrictive, l'économie de montagne renvoie à la surdétermination des conditions physiques et des ressources locales comme base explicative du sous-équipement qui caractérise aujourd'hui l'ensemble des montagnes marocaines. Elle suppose, sur le plan sectoriel, la structuration de l'économie sur la base d'un système de production sylvo-pastoral, avec l'appoint que représente l'exploitation de certaines parcelles exiguës et dont les rendements sont pour l'essentiel aléatoires. Cette approche du fait montagnard qui constitue à l'échelle du pays une des composantes centrales dans la vie économique et sociale, inhibe la diversité des situations et risque d'occulter les fortes interdépendances économiques et l'état de marginalité qui caractérise cet espace et ce quelque soit les zones de localisation. Certes, le niveau technologique atteint par l'économie marocaine dans sa globalité et les stratégies économiques, basées sur l'affectation du capital productif public dans les secteurs et les espaces dégageant la rentabilité maximale par unité du capital investie, a fait de la montagne un secteur spatial très peu compétitif et donc peu attractif du capital. Elle a de ce fait rempli, tout au long de l'histoire récente du Maroc, la fonction d'un simple réservoir démographique (le poids des zones de montagne dans l'exode rural), énergétique (eau et bois), financier (le poids des injections monétaires des Marocains Résidents à l'Etranger), etc. Elle constitue de ce fait l'arrière plan de l'ensemble des mutations qui traversent la société marocaine depuis plus de trois décennies, sans être le principal théâtre. En outre, de par son poids démographique et les fortes densités qui la caractérise, la montagne a toujours été vue et analysée en termes d'adéquation entre les ressources en régression et les besoins en croissance continue, compte tenu de l'évolution démographique et de la diversification des changements qualitatifs des modes et genres de vie. Aujourd'hui, la problématique de développement des zones de montagne interpelle trois axes principaux : l'axe démographique, en rapport avec les fortes densités et avec les capacités de charge du milieu, mais aussi avec le type et le niveau d'encadrement socio-éducatif et technico-économique. Le deuxième axe est économique, en terme de mise en valeur des ressources, de l'action sur les systèmes culturales, de la diversification de la base économique et du rôle des différents acteurs institutionnels. Le troisième axe est environnemental : il s'agit de la dimension reproduction des ressources, leur protection et valorisation. L‘objectif est de créer les conditions de transition de la montagne de sa fonction du simple réservoir à un nouveau espace de développement. Toutefois, les limites intrinsèques au modèle de croissance économique qui prévaut à l'échelle du pays et ses effets en termes de répartition spatial de l'investissement public et de l'équipement du territoire suppose, sur le plan économique, un modèle d'analyse et d'approche qui peut être synthétisé en terme de développement local. C'est cette dimension qui, à l'échelle de la montagne, semble constituer une alternative à la forte marginalité qui caractérise l'économie et la société montagnardes dans un contexte de mondialisation.