Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le concept d'agriculture de montagne existe d'une façon générale dans tous les pays du monde. Or, ce concept ne se limite pas à la production de cultures dans les zones de montagne, mais concerne également toutes les autres activités propres au secteur primaire, tels que l'élevage et l'exploitation forestière, qui présentent des caractéristiques bien spécifiques en raison des conditions topographiques et pédologiques des zones de montagne et, parfois même, en raison des particularités du climat. Tout cela exige des techniques spécifiques qui ont été développées dans chaque pays et dans chaque région, suivant les conditions particulières de chaque zone, avec la technologie et les moyens disponibles dans chaque cas et à chaque moment, et ce, dans une perspective généralement productiviste et un horizon temporel, la plupart du temps, immédiat. Par ailleurs, certaines conditions, indirectement liées à l'activité agraire, ont contribué à l'augmentation ou la diminution de la densité de la population installée dans ces régions. Ainsi, par exemple, les conditions de sécurité et de protection face aux agressions externes par temps de guerre, de banditisme ou de piraterie, ont donné lieu, au fil des siècles, à l'implantation d'une population importante sur les montagnes, dont les conditions de défense et d'observation procurait une plus grande sécurité. Avec le temps, cette population s'est forgée ses propres traits et caractéristiques et les a conservées intactes pendant des siècles en raison du faible niveau de communication qui existait avec les populations des vallées et des plaines, notamment à cause de la rareté et le mauvais état des voies de communication. C'est ainsi que sont nés, en marge des caractéristiques raciales de chaque ethnie, ce que l'on appelle génétiquement les «montagnards». Bien entendu, la population qui résidait dans les régions de montagne avait besoin de produire des aliments pour survivre, d'où le développement de l'agriculture de montagne, qui tirait parti des espaces qui, de par leurs caractéristiques pédologiques, topographiques..., permettaient un meilleur développement de cette activité. Cependant, en dépit du fait que la disponibilité des zones adaptées à l'agriculture à proprement parler qui était en général assez limitée et restreinte, la population augmentait sensiblement au fil du temps, en raison notamment de l'amélioration des conditions sanitaires, ce qui donnait lieu à un déséquilibre important entre la demande et la disponibilité des ressources (sol utilisable pour l’agriculture), d'où un risque grave d'utilisation abusive et de destruction de ces ressources. Ce processus et les situations qu'il a engendrées se sont produits d'une façon plus ou moins généralisée et intense dans la quasi-totalité des pays de zones de montagne. En effet, les problèmes des zones de montagne ne touchent pas uniquement la population qui les occupe, mais aussi, d'une façon générale, l'ensemble du pays ou tout au moins les régions limitrophes de la montagne liées à cette dernière par ses processus naturels et économiques. La montagne est pour ainsi dire un patrimoine qui appartient au pays dans son ensemble et comme tel, il doit être protégé et contrôlé par ses institutions étatiques, ce qui ne veut pas dire que ses habitants ne doivent pas réaliser une activité rationnelle, économique ou autres, de façon à assurer la pérennisation des ressources.