Auteur :
Lachaud
Jean-Pierre
Type : Etude
Thème : Société
Couverture : Mauritanie
En s’appuyant sur deux enquêtes nationales auprès des ménages, réalisées en 1990 et 1996, la présente étude examine les facteurs micro-économiques de la réduction de la pauvreté et de l’inégalité en Mauritanie. Premièrement, selon les estimations économétriques, la consommation par tête des ménages ruraux et urbains est influencée par l’instruction du chef de ménage - malgré la baisse des rendements entre 1990 et 1996 -, l’accès à l’emploi, la localisation spatiale et la démographie des groupes. Deuxièmement, la décomposition des écarts de niveau de vie des ménages pour chaque secteur, entre 1990 et 1996, montre que ces derniers sont principalement dus au différentiel des rendements des caractéristiques des facteurs pris en compte. A cet égard, les effets positifs sur la réduction de la pauvreté dans les deux milieux, entre 1990 et 1996, de la localisation géographique, de certaines variables démographiques et des taux d’emploi des ménages ont été contrebalancés par d’autres facteurs démographiques, et surtout l’impact négatif du rendement de l’instruction, un phénomène qui n’est pas étranger à l’accroissement du chômage urbain en Mauritanie. Troisièmement, la décomposition non-conditionnelle de l’indice de Gini national suggère que l’inégalité de la consommation par tête des ménages s’explique surtout par la variation intra-groupes. Mais, entre 1990 et 1996, la réduction de l’indice de Gini de 8,6 points s’est accompagnée d’une moindre disparité intra-sectorielle – rural-urbain – de la consommation par tête, d’une plus grande homogénéité des secteurs – diminution de l’indice de stratification – et d’une élévation des disparités inter-sectorielles –atténuée par une décomposition conditionnelle –, un schéma de développement qui pourrait s’éloigner du processus de Kuznets. Quatrièmement, les déterminants de l’inégalité conditionnelle inter-groupes de l’indice de Gini mettent en évidence des différences significatives entre les milieux : (i) forte influence de l’éducation et faible impact du niveau d’occupation dans les zones urbaines, comparativement au secteur rural ; (ii) relative stabilité des déterminants dans les campagnes entre 1990 et 1996, contrairement aux agglomérations où l’on observe une forte réduction de la contribution de l’éducation et de l’occupation du chef de ménage, et une élévation de l’impact de la localisation géographique.