Auteur :
Abry
Alexandre
Date de publication : 16/10/2003
Type : Article
Thème : Culture
Couverture :
Maroc
La médina de Fès, fondée en 809, compte une population actuelle d’environ 160.000 habitants occupant 12.000 unités d’habitation sur une superficie de plus de 300 hectares. Elle se compose de deux zones distinctes : la médina médiévale traditionnelle, Fès el Bali, où logent 77% de la population et une zone plus récente, Fès-Jdid. La vieille ville actuelle a connu un processus de dégradation continu tout au long du XXème siècle. Plusieurs facteurs rendent compte de ce processus. Le facteur originel réside dans l’ouverture de l’économie marocaine au commerce européen et au système capitaliste à partir de la moitié du XIXème siècle. D’autre part, le transfert du centre de gravité économique et politique du Maroc de l’intérieur du pays vers des villes littorales comme Casablanca et Rabat, a eu comme conséquence la marginalisation de Fès. Cette marginalisation s’est accentuée lors de la création, par décision politique2, de la ville coloniale – appelée la ville « nouvelle » - à l’écart de la vieille ville et destinée à accueillir les colons et les activités mises en place lors du protectorat. Le départ croissant des fassis aisés vers la ville « nouvelle » et vers les villes côtières a eu pour conséquence un repeuplement des maisons vidées qui ont été remplies peu à peu par des vagues de migrants ruraux, pauvres dans leur majorité et qui s’y sont installés directement. La sur-occupation des habitations a provoqué leur dégradation : ces mutations ont été à la base du processus de « prolétarisation » de la population de cette médina ainsi que de la dégradation de son habitat et de son environnement. En 1974, peu de temps après l’adoption de la Convention sur le « Patrimoine mondial culturel et naturel » par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), le Maroc fit appel à cette dernière afin de classer la médina de Fès sur la liste des ensembles à protéger.