Auteur :
Frickey
Alain,
Murdoch
Jake,
Primon
Jean-Luc
Année de Publication :
2004
Type : Etude
Thème : Travail et Emploi
Couverture : Maroc
Les auteurs décrivent ici les débuts dans la vie active des jeunes issus de l'immigration d'Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) et d'Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal) qui quittent la formation initiale après une expérience des études supérieures. A l'aide des données de l'enquête "Génération 98" du Céreq, l'entrée dans la vie professionnelle de ces deux catégories d'anciens étudiants est comparée au devenir professionnel des jeunes d'origine française.
Ce travail débute avec une présentation de la classification des origines nationales telle qu'elle est appliquée dans l'étude. Il est suivi d'un exposé des caractéristiques socio-démographiques et scolaro-universitaires des catégories de jeunes ainsi définies.
Il y est montré que la probabilité de quitter le système éducatif après des études supérieures est très inégale selon l'origine. A l'issue des formations supérieurs, les sorties sans diplôme et au niveau du premier cycle sont relativement plus fréquentes parmi les jeunes dont les parents proviennent du Maghreb (46%) que parmi les autres jeunes, qu'ils soient originaires d'Europe du Sud (29%) ou de France (23%). On y apprend également que, quel que soit le degré auquel ils terminent leur formation supérieure, les jeunes originaires du Maghreb ont, plus souvent que les autres, obtenu leur baccalauréat avec retard et suivi une scolarité secondaire dans la voie technologique. A l'issue des études supérieures, ces jeunes proviennent principalement des secteurs Lettres et Sciences Humaines ou Droit Économie des universités et plus rarement des formations extérieures aux UFR. Le repérage des origines sociales montre que les enfants de l'immigration d'Europe du Sud ou du Maghreb sont, en très grand nombre, des enfants d'ouvriers et d'employés. De plus, les pères des jeunes originaires d'Afrique du Nord sont plus souvent sans emploi et les mères majoritairement inactives professionnellement.
L'étude se focalise ensuite sur la période d'accès au premier emploi, la description de cet emploi et de celui occupé à la date de l'enquête. Les résultats indiquent que les conditions d'entrée dans la vie active des jeunes issus de l'immigration maghrébine sont plus difficiles et défavorables que celles des jeunes originaires d'Europe du Sud ou de France. Afin de contrôler la structure des populations étudiées, cette étude s'achève par une analyse en régression multiple des facteurs qui peuvent agir sur l'insertion professionnelle. Au cours de la période observée (33 mois), le taux de chômage est toujours plus élevé pour les jeunes dont les parents sont nés au Maghreb, même s'ils quittent le système éducatif après une formation de niveau licence/mâitrise ou de troisième cycle. Pour une moitié des enfants de l'immigration d'Afrique du Nord, l’accès au premier emploi s'est fait à la faveur des mesures d'aide ou en ayant recours à l'intérim. A la date de l'enquête (2001), 17% des enfants de l'immigration maghrébine sont toujours embauchés grâce aux contrats aidés, principalement des emplois jeunes. Le fait que 13% des bac+5 cette origine bénéficient en 2001 d'un contrat aidé alors que les autres jeunes n'y ont pour ainsi dire pas recours est un indice supplémentaire des difficultés spécifiques qu'ils rencontrent à l'entrée de la vie active. Dans les trois catégories de jeunes étudiées, ce sont les jeunes femmes et, en particulier, les jeunes femmes d'origine maghrébine qui cumulent les temps de chômage les plus longs, travaillent plus souvent à temps partiel (sans le vouloir) et que l'on retrouve en nombre sur des contrats aidés.
Afin de contrôler la structure des populations étudiées, cette étude se termine par une analyse en régression multiple des facteurs qui peuvent agir sur l'insertion professionnelle. Ainsi on peut voir que, lorsque l'origine nationales agit, l'effet statistique traduit des inégalités entre les jeunes femmes originaires du Maghreb et les autres. Dans la population féminine, les écarts sont à l'évidence particulièrement forts, eu égard à l'expérience du chômage, à sa durée ou à la précarité des emplois.