Auteur :
Zamfir
Ionel
Année de Publication :
2016
Type : Rapport
Thème : Repères du développement économique
Couverture : Maroc
Avec des taux de croissance annuelle dépassant parfois les 5%, la plupart des pays africains ont connu une croissance économique soutenue au cours des 15 dernières années. Ceci a fait souffler un vent d’optimisme sur les perspectives d’enfin voir la région tourner le dos à la pauvreté et au sous-développement. Néanmoins, le contexte économique général connaît actuellement un tournant moins favorable, avec une croissance à la baisse, notamment dans les pays exportateurs de pétrole et de minéraux. Dans l’ensemble, la croissance générale devrait se poursuivre mais à un rythme plus modeste. Dans ce contexte en évolution, il importe de prêter attention aux facteurs générateurs de croissance afin d’identifier ceux qui sont susceptibles d’en soutenir la poursuite.
Une rétrospective des années de croissance soutenue fait apparaître clairement que de nombreux facteurs ont contribué à celle-ci. Au final, leur configuration dépend de la situation économique nationale propre à chaque pays. Des éléments externes favorables, notamment les prix élevés des matières premières (en raison de la forte demande internationale) et la disponibilité de capitaux d’investissement en quête de nouvelles opportunités au niveau mondial, ont joué un rôle essentiel. Au niveau des marchés intérieurs, l’amélioration du climat macroéconomique (notamment la réduction des dettes extérieures ainsi que des déficits des balances courantes et des déficits budgétaires), tout comme la baisse du nombre de conflits et l’amélioration de la gouvernance politique et économique ont indubitablement été les moteurs essentiels de cette croissance. Dynamisé par une demande interne croissante, un secteur des services particulièrement actif a été, dans de nombreux cas, le secteur des économies africaines qui a connu la croissance la plus rapide. Le boom des télécommunications, initialement lié à une augmentation exponentielle de l’utilisation de la téléphonie mobile et actuellement soutenu par la pénétration rapide de l’Internet, a également joué un rôle central. Les services financiers connaissent un développement rapide, souvent conjugué avec l’adoption des TIC. Le secteur manufacturier est néanmoins resté à la traîne dans ce défilé de bonnes nouvelles. L’Afrique subsaharienne reste incapable de rejoindre les rangs des pays en voie de développement qui basent leur croissance sur l’exportation de produits manufacturés compétitifs.
Si la croissance a été rapide, elle partait d’un niveau faible et l’Afrique a donc encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre le niveau d’autres régions du globe. Malgré l’enthousiasme soulevé par cette forte croissance économique laissant à penser que l’Afrique pourrait devenir la nouvelle Asie à l’avenir, les pays africains continuent d’accuser un retard sur d’autres pays en voie de développement en termes de rythme de développement. La croissance du PIB par habitant continue d’être significativement inférieure à celle de l’Asie et les niveaux de diversification et de sophistication de l’économie demeurent faibles dans la plupart des pays africains.
Les propositions visant à initier une transformation véritable et profonde de l’économie ont affiché des teneurs diverses mais ont, dans de nombreux cas, mis l’accent sur la nécessité de développer la base industrielle de l’Afrique. Adapter l’industrialisation de l’Afrique à ses caractéristiques spécifiques nécessite une coordination avec les industries extractives, ainsi qu’une modernisation de la production agricole et une expansion de l’industrie agroalimentaire. C’est par ces biais que le continent pourrait cesser de dépendre de quelques matières premières et améliorer sa capacité de résistance aux chocs externes. De nombreux auteurs considèrent également l’industrialisation comme une nécessité dans la perspective de créer un nombre suffisant d’emplois, compte tenu de la croissance démographique rapide. Même si, soutenu par la demande intérieure, le secteur des services a connu une croissance rapide et est généralement considéré comme étant celui qui a le plus contribué à la croissance, sa productivité globale et son potentiel d’exportation continuent d’être faibles, une partie importante de la main-d’oeuvre ne possédant pas les compétences supérieures requises. La poursuite de la réussite économique et sa transposition en retombées concrètes en termes de transformation impliquent la présence d’un climat de stabilité politique, les conflits constituant une menace importante pour la croissance économique africaine.