Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Dans les années 1990, nombre de réformes soutenues par les bailleurs internationaux ont visé, en libéralisant les secteurs des services essentiels tels que l’eau ou l’énergie, à en améliorer la desserte ainsi que la performance des opérateurs. Le principe selon lequel les usagers devraient supporter le coût de l’eau par le biais des factures (doctrine de « l’eau paie l’eau ») a au début des années 2000 évolué vers celui de recouvrement durable des coûts par les 3T (tarifs, taxes et transferts), répartissant la charge du financement entre usagers, contribuables et pouvoirs publics.
Cependant, peu d’analyses empiriques de l’offre de services en eau explicitent les modalités concrètes de financement, la formation et le partage des coûts au réel sur le long terme. Or la répartition du coût de la fourniture de services, et donc l’équilibre et la durabilité du finance-ment du secteur, dépend de choix politiques, de la gouvernance locale et de son acceptabilité sociale. La performance des opérateurs et les conditions d’intervention influent également sur les composantes de ces coûts effectifs totaux. Analyser leur formation et leur partage suppose donc d’examiner des dynamiques de long terme et leur encastrement territorial (social, spatial et institutionnel).
Trois études empiriques montrent ainsi que les modalités de formation et de partage des coûts des services sont au moins aussi déterminantes que les volumes d’investissements à mobiliser, qu’elles évoluent dans le temps, et que l’incertitude génère des coûts supplémentaires souvent ignorés. À défaut de prendre en compte ces éléments, les partenariats et équilibres politico-économiques pour la desserte en services essentiels restent fragiles et peu soutenables financièrement.