Auteur(s) :
Hamani
Dijibo
Collectivite(s) Auteur(s) :
Université Mohammed V- Souissi. Institut des Etudes Africaines
Type : Actes de congrès/séminaire/atelier
Titre Séminaire / Colloque :
Le Maroc et l'Afrique subsaharienne aux débuts des temps modernes
Année de Publication :
1992
Langue : FR
Collation :
P. 65-77
Mots-clés :
AFRIQUE ; MAROC ; HISTOIRE ; LANGUE ; ISLAM ;
SONGHAI ; HAUSA.
Probablement en l'année 1594, le Sultan Mulay al-Mansür ad-DahbI expédia au Kanta (souverain) Dawud (1589-1613) une correspondance qui resta probablement unique dans les annales des relations entre le Maroc et le monde hausa. Il est question tout d'abord de rappeler les faits qui l'ont précédée et motivée : le 12 Mars 1591, à Tondibi, une armée marocaine équipée d'armes à feu avait, après une dure traversée du Sahara, écrasé l'armée songhay de l'Askia Ishaq II et provoqué l'effondrement total de l'Empire. Après une série de nouvelles défaites, les Songhay, dirigés par un nouvel Askia, Nuh (1591-1599), se replièrent en aval de Gao (dans le Dendi) et menèrent une guerre populaire et de guérilla qui réussit à bloquer l'avancée marocaine. L'armée d'occupation fut harcelée avec succès et finalement fut obligée d'évacuer ses garnisons, n'occupant plus du Dendi que sa partie nord, entre Kukiya et Gao. Ces difficultés, d'autant plus inattendues que la victoire contre la grande armée Songhay a été facile, étaient rendues encore plus insupportables aux marocains par l'intervention d'un pays tiers, le Kabi, Etat hausa voisin du Songhay, devenu un soutien actif et peut-être déterminant de la résistance. C'est au souverain de cet Etat, devenu du même coup obstacle à la réalisation d'un dessein qui dépassait le Songhay, que le Sultan al-Mansur adressa la correspondance en question. Le souverain Saadien, après avoir rappelé au Kanta Dawud les raisons de son intervention au Songhay, lui reprochait son aide à la résistance anti-marocaine à laquelle il fournissait asile, protection, aide, notamment en cavalerie. Il lui reprochait également de faire obstacle à ceux qui, venant des royaumes situés au-delà du Kabi (comme les gens de Kano et de Katsina), ainsi que ceux qui sont autour d'eux, qui voulaient faire allégeance au souverain, de façon à prendre leur place dans le victorieux parti d'Allah, les repoussant et leur interdisant la route qui mène au succès. Le souverain lui lançait donc un avertissement avant de le punir, conformément à ce que prescrivaient la Sunna et le Coran. Le Kanta Dawud est sommé d'entrer dans la communauté islamique car, dit la missive, pour les musulmans l'obéissance à l'Imam est une obligation, que Dieu lui impose ainsi qu'aux Etats du Soudan. Il lui intima l'ordre d'arrêter les rebelles songhay qui se trouvaient sur son territoire et de les livrer à ses soldats, d'interdire aux rebelles le territoire du Kabi où ils se réfugiaient souvent et de cesser de les aider, de remettre au sultan du Maroc tous les bateaux qu'il avait coutume de fournir annuellement à l'Askia. Enfin, le choix était donné au Kanta soit de faire allégeance et d'obéir aux injonctions qui lui étaient faites, ce qui lui aurait valu non seulement la tranquillité de ses Etats mais aussi l'aide des armées du Sultan contre les ennemis du Kabi, soit de continuer ses actes hostiles ce qui devait lui valoir la mort et la destruction de son pays par des armées qui partiraient du Maroc et de Tiguraren et de Touat.
N° de la microfiche : 042940