Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le questionnement incisif de Rachid Boudjedra dans "Greffe", introduit dans un univers de violence qui n'est pas sans rappeler les temps héroïques des indépendances, pourtant que de chemins parcourus déjà, vers une mise en abîme, de distanciations vis-à-vis des engouements de toutes sortes, facilités des révoltes, simplifications grandioses des révolutions. Rachid Boudjedra est algérien, et de ce fait, se lit une perspective typiquement socialiste (le Parti, le voyage à Cuba, l'oncle stalinien), il est aussi, et surtout arabe, en cette nuance se tient une bonne partie du sujet : Le sens à donner à la Greffe des cultures, des sensibilités, des idéologies, des écritures. Il est facile de relever toutes les traces du pittoresque arabe, depuis les allusions sempiternelles au Prophète et au Coran, en passant par la mosquée, le muezzin qui débite sa palinodie au micro, jusqu'au café, au cumin, aux broderies multicolores des Atlas...etc. Il est très clair que la "Greffe" s'avère douloureuse, mais c'est là une grande part de l'intérêt de cette oeuvre.