Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

L'interrogation méthodologique sur les orientations de la macroéconomie ne donne guère lieu à des études alors que le développement de l'épistémologie générale offre de larges opportunités en la matière. Les rares exceptions sont données par certaines analyses qui se sont attachées au diagnostic des modalités de développement de la macroéconomie en y étendant les thèmes de paradigme de T. Kuhn et de programme de recherche de I. Lakatos. Ces analyses s'avèrent, à l'examen, inappropriées. La macroéconomie ne peut être décrite à l'aide de la conception kuhnienne de la science : Outre qu'elle ne contient pas un paradigme unique, les changements théoriques ne peuvent faire l'objet d'une interprétation en termes de révolution scientifique. La méthodologie de Lakatos est non moins inadéquate. D'une part, les concepts de noyau dur et de ceinture protectrice ne permettent pas de spécifier les cadres globaux des théories macroéconomiques. D'autre part, le contrôle empirique ne joue pas un rôle déterminant dans les avancées de ces théories, ni dans leur mise à l'épreuve. En revanche, la catégorie de schéma suggérée par M. Bunge apparaît grâce à sa simplicité, en mesure de spécifier l'ontologie, la problématique, les objectifs d'explication, les finalités normatives et les principes de méthode des théories. Ainsi, la discipline héritière de Keynes se prête à une lecture qui repose sur la distinction entre le schéma réel et le schéma monétaire. Au schéma réel qui conçoit l'économie comme un agrégat de marchés et d'agents, dont les propriétés se définissent sur la base d'une collection de biens, se rattache la macroéconomie de l'équilibre des marchés. Selon les hypothèses sur les biens et les agents, les marchés se clôturent avec la satisfaction de toutes les offres et demandes ou avec des disparités. L'autre schéma recouvre des théories en termes de circulation monétaires qui s'efforcent de dénouer le puzzle de la demande effective en prenant en compte le rôle majeur des entrepreneurs dans la détermination de l'activité, de l'emploi et des variables de répartition du revenu.