Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

L'Association régionale de l'OMM pour l'Afrique, lors de sa dixième session qui s'est tenue à Bamako en décembre 1990, a décidé de réviser certaines procédures régionales applicables à la transmission des données sur le système mondial de télécommunications, en vue de faciliter la prévention des invasions d'acridiens et la lutte contre ces dernières. Ce manuel est destiné à aider les observateurs agro-météorologistes à chiffrer les observations relatives aux acridiens. Les invasions d'acridiens et les dommages qu'elles causent préoccupent les peuples et les scientifiques des zones semi-arides depuis des siècles. Aussi l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO) ont-elles publié conjointement ce manuel. En fait, les acridiens constituent un groupe très important d'insectes ravageurs des cultures dont les dégâts peuvent être considérables. Ces criquets sont répartis en deux catégories principales : les locustes et les sauteriaux. Les locustes ont la particularité de pouvoir se présenter sous deux états appelés phases : la phase solitaire, inoffensive pour les cultures, et la phase grégaire durant laquelle les insectes sont en nombre considérable et forment des bandes larvaires et des essaims. Chez ces locustes, on assiste à une succession de périodes d'invasion et de rémission. Durant la rémission, les individus sont essentiellement en phase solitaire et les dégâts sont très rares. En période d'invasion, la majorité des populations est en phase grégaire, les bandes larvaires et les essaims peuvent ravager de nombreux pays. Le passage de la phase solitaire à la phase grégaire s'effectue dans certaines circonstances éco-météorologiques particulières et dans des zones appelées aires grégarigènes, d'où partent les invasions. Les sauteriaux, quant à eux, n'ont pas de mécanisme de transformation phasaire et ne connaissent pas d'alternance de cycle d'invasion et de rémission. Cependant, des pullulations peuvent avoir lieu chaque année, pullulations dont l'ampleur sera déterminée par les conditions environnementales. Il s'agit là d'un problème chronique de défense des cultures dans de très nombreux pays. Les moyens de lutte contre ces ravageurs font encore actuellement appel principalement aux insecticides. Dans le cas des sauteriaux, la lutte est essentiellement curative et vise à limiter les dégâts immédiats sur les cultures. Dans le cas des locustes, la stratégie est préventive et vise à empêcher la formation d'un départ d'invasion par une surveillance des aires grégarigènes et des conditions météorologiques. Ces dernières peuvent, dans ces zones particulières, favoriser la concentration et la multiplication des insectes, puis déclencher la transformation phasaire et les départs d'invasions. Que ce soit pour les locustes ou pour les sauteriaux, les informations fondamentales pour organiser rationnellement les opérations de surveillance et de lutte sont celles concernant les conditions météorologiques et l'importance des populations acridiennes sur le terrain (répartition, densité et phénologie). Les informations météorologiques sont actuellement diffusées régulièrement et très rapidement grâce au réseau de la veille météorologique mondiale. Les données acridiennes sont par contre disponibles d'une manière très parcellaire et transmises par des voies diverses, généralement peu rapides. Or, les criquets, en particulier les locustes dans leur phase grégaire, sont extrêmement mobiles et se déplacent avec les vents sur des distances considérables. Des essaims nés à des milliers de kilomètres peuvent venir attaquer les cultures d'un pays très éloigné de leur lieu d'origine. La rapidité de transmission des signalisations est donc de première importance pour suivre la situation acridienne, apprécier la gravité des événements et établir des pronostics sur l'évolution probable à court et moyen termes. D'où l'idée de transmettre les données essentielles à l'aide du seul réseau structuré de transmission rapide et régulière d'informations : celui de la veille météorologique mondiale de l'OMM. Ceci est d'autant plus justifié que les pullulations de criquets dépendent en grande partie de l'évolution des conditions météorologiques, et tout particulièrement de la pluviométrie. Huit informations de base ont été sélectionnées pour être transmises sous forme chiffrée : nom et couleur, stade de développement, degré d'organisation des bandes larvaires et des essaims, dimension, densité, direction du déplacement des essaims, état de la végétation. Un lépidoptère de grande importance économique a été ajouté. Il s'agit également d'une espèce de papillon capable de migrer sur de grandes distances grâce aux vents et pour laquelle existe un service de prévision à court terme ayant besoin de signalisations transmises dans des délais très brefs.